Équivalence #2, 2019.

Parfois je suis

« Il arrive que je me débarrasse de ce qui m’embarrasse. Je me construis des murs à l’intérieur desquels il m’appartient de faire ce qu’il me plaît. Je prends le soleil, je brûle, je pèle. Je prends la pelle et creuse un trou. Je me mets dedans. Je récupère les dents et les mets de côté pour la petite souris. Je ramasse le riz et j’en fait trois tas, un tas haut, un tas moyen et un tas bas. Je saisis le tabac. Je m’allonge. Avec ma longe je tisse un hamac et tente de récupérer le mac mais le loupe. Pas de bol, je me contenterai de la tente, de la loupe et du bol. J’essaye de méditer, rien à faire je me rabats sur le thé. Je regarde mes pieds de haut. Je récupère l’eau, la verse dans mon bol et y dépose le thé. Il infuse à petit feu. Enfin du feu. J’essaye de repiper les petits oiseaux. Repiper quel joli mot, c’est un palindrome, palindrome quel merveilleux mot, bref je pipe, je repipre ce qui m’intéresse c’est bien sûr la pipe. J’ai enfin tout ce qu’il me faut, un bon thé, une bonne pipe et une tente pour la nuit. Demain mes murs se seront détruits. »